✍🏻 Mahya Mohammadali
Conseillère pédagogique pour les lycéennes
École Internationale Nikoo
Comment parler de la guerre aux adolescents en période de tension ?
Dans un monde rempli de tensions et de nouvelles inquiétantes, même les adultes peuvent éprouver de l’anxiété à l’idée de parler de la guerre — et encore plus les enfants et les adolescents. Pourtant, dans de telles circonstances, le silence ou l’évitement peut souvent entraîner des dommages psychologiques plus graves. En tant que conseillère, je considère qu’il est de notre devoir de parler de la manière de gérer les crises sécuritaires comme la guerre et d’offrir aux familles des conseils pour soutenir leurs enfants.
Pourquoi faut-il parler de la guerre avec les adolescents ?
Contrairement à ce que certains parents peuvent penser, les enfants et les adolescents sont souvent bien plus informés que nous ne l’imaginons. Ils sont exposés aux réseaux sociaux, à la télévision et aux conversations des adultes. Si nous ne leur parlons pas directement, ils risquent de recevoir des informations incomplètes ou effrayantes provenant d’autres sources.
Le silence des parents peut pousser l’esprit de l’enfant à élaborer des interprétations troublantes, pouvant entraîner anxiété, insomnie, cauchemars, voire une baisse de rendement scolaire.
Que signifie la préparation psychologique ?
La préparation psychologique signifie que notre enfant comprend :
- Ce qui se passe,
- Comment exprimer ses émotions,
- Et comment retrouver un sentiment de sécurité au sein de la famille ou de l’école.
Notre objectif n’est pas d’effrayer nos enfants, mais de les renforcer. Cela signifie leur apprendre qu’il est possible, même en situation de crise, de rester calme, de demander de l’aide et de réfléchir clairement.
Commencez la conversation par une question
Les enfants ne s’expriment souvent que lorsqu’ils sentent que l’environnement est sûr. Plutôt que de commencer par de longues explications, posez simplement cette question :
« Mon chéri, as-tu entendu quelque chose à l’école ou sur Internet à propos de la situation actuelle ou de la guerre ? Qu’en penses-tu ? »
Cette question toute simple ouvre la porte à des discussions plus profondes. Si votre adolescent commence à parler, écoutez davantage que vous ne répondez. Votre enfant doit sentir que ses paroles sont prises au sérieux.
Ne minimisez pas leurs émotions
Si un adolescent vous dit : « J’ai peur » ou « Je n’arrive pas à dormir », ne répondez pas : « Ce n’est rien ! » ou « Tu t’inquiètes pour rien ! »
Ces types de réponses ne sont pas utiles — ils laissent l’adolescent se sentir seul. Dites plutôt :
« C’est tout à fait normal de se sentir inquiet dans une telle situation. Moi aussi, il m’arrive d’être anxieux, mais nous allons surmonter cela ensemble. »
Techniques pour apaiser les enfants et les adolescents
- Respiration profonde et méditation : Des exercices comme la technique 4-7-8 (inspirer pendant 4 secondes, retenir 7 secondes, expirer 8 secondes) peuvent réduire considérablement l’anxiété.
- Expression émotionnelle par le dessin : Demandez aux enfants de dessiner ou d’écrire ce qu’ils ressentent. Cela les aide à identifier et libérer des émotions confuses.
- Exposition limitée aux actualités : Les adolescents ne devraient suivre l’actualité qu’en présence des parents et pendant une durée limitée. Une exposition continue accroît le stress.
- Activité physique : La marche, le sport ou même les jeux physiques à la maison peuvent contribuer à rééquilibrer leur bien-être mental.
Le rôle de l’école et du conseiller en période de crise
À l’École Internationale Nikoo, nous donnons la priorité à la création d’un environnement psychologiquement sûr. Lorsque les élèves se sentent écoutés et compris par leur établissement, leur anxiété diminue.
Par ailleurs, une communication étroite entre l’école et les familles est essentielle. Nous encourageons les parents à consulter un conseiller ou un professionnel si leur enfant présente des signes tels que l’insomnie, une colère intense, l’isolement ou une baisse des performances scolaires.
En conclusion…
Nos enfants et adolescents sont l’avenir de ce pays. Ils méritent de se sentir en sécurité, sereins et pleins d’espoir. C’est notre devoir — non par le silence ou la peur — mais par l’honnêteté, l’empathie et l’enseignement de la résilience mentale, de les aider à affronter les défis.
Même si personne ne souhaite que son enfant vive une guerre, la préparation psychologique consiste à semer les graines de la résilience, de la conscience et du calme pour affronter, peut-être, des jours plus difficiles à venir.
